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Du vent dans les pales – POLITICO

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Du vent dans les pales – POLITICO

Par AUDE LE GENTIL

Avec NICOLAS CAMUT et ARTHUR NAZARET

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— Eolien en mer : pas de lauréat, mais une vision

— L’électrification des flottes engloutie d’amendements

— La PPL sur le retrait-gonflement de l’argile dans les remous

Bonjour à toutes et à tous, nous sommes mardi 30 avril. Devant la commission d’enquête sénatoriale, Patrick Pouyanné a sans surprise déroulé hier soir la stratégie climatique qu’il avait déjà détaillée à Bloomberg. Le PDG de TotalEnergies a assumé ses investissements pétro-gaziers et s’est montré offensif, en particulier à propos de ses projets controversés dans des pays peu respectueux des droits humains.

Il faut dire qu’il était bien aidé par des questions très larges, sans relance ou presque, et par des élus de droite et du centre bienveillants. Le président de la commission, Roger Karoutchi (LR), a ainsi taclé les questions “militantes” de ses collègues de gauche.

Il a aussi beaucoup été question de gaz. Patrick Pouyanné, là encore sans surprise, l’a présenté comme une énergie de transition (pour rappel, la climatologue Valérie Masson-Delmotte a contré cet argumentaire lors de sa propre audition) et un outil de flexibilité.

Quant aux importations de GNL russe, “si nous décidons de les bannir, alors il faudra aller chercher ce GNL ailleurs et les prix vont monter”, a assuré le PDG. Et d’ajouter : “Pour TotalEnergies, ce n’est pas un problème ; avec la montée des prix, l’entreprise gagnera plus. Mais je ne le recommande pas.” 

LE NEZ AU VENT. La filière de l’éolien guette. Attend. Soupire. S’emballe. Jeudi, les ministres Bruno Le Maire et Roland Lescure se rendront en Loire-Atlantique pour parler de l’éolien en mer, à l’occasion de la cérémonie de départ de sous-stations électrique du parc éolien en mer d’Engie et EDP.

Au menu : il sera question de recours à l’industrie made in France, de trajectoires et de calendrier. Mais pas du lauréat pour l’appel d’offres en Sud Bretagne, déminent plusieurs conseillères ministérielles, malgré une rumeur persistante.

Cet appel d’offres est “hyper attendu”, selon un énergéticien car il est le premier à porter sur de l’éolien flottant. Daniel Cueff, vice-président à la mer et au littoral de la région Bretagne, s’impatiente, sachant que la Commission de régulation de l’énergie a rendu sa décision le 2 avril. Il souligne néanmoins que ça aurait été “cavalier” que l’annonce soit faite depuis les Pays-de-la-Loire.

Conclusion de notre énergéticien : “Un appel d’offre sans retard, ce n’est pas un appel d’offre français.”

Que dire alors ? “C’est l’occasion de dire quand ils annonceront le choix de nouveaux sites pour développer l’éolien en mer et de confirmer l’appel d’offre géant de 10 gigawatts [baptisté AO10, ndvi]”, imagine le président du Syndicat des énergies renouvelables, Jules Nyssen, qui sera du voyage.

A 14 heures, auditions d’Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie, puis de la ministre Agnès Pannier-Runacher, par la commission d’enquête sénatoriale sur l’électricité. 

A 14 heures 30, assemblée générale du groupe ENGIE.

A partir de 15 heures, examen à l’Assemblée nationale de la proposition de loi sur l’électrification des flottes automobiles.

A 19 heures 30, débat sur le thème “Comment changer d’imaginaire pour sortir de l’impasse climatique ?” organisé par le Grand Continent, avec les philosophes Pierre Charbonnier et Michael Foessel, l’activiste Camille Etienne et l’eurodéputé Raphaël Glucksmann.

BAROUD D’HONNEUR. L’examen de la proposition de loi sur l’électrification des flottes d’entreprise a beau se transformer en eau de boudin, ses soutiens restent mobilisés, notamment du côté des ONG écolos. 

La PPL est “indispensable”, selon Sarah Chadha, chez The Climate Group: “Cette étape est cruciale si nous voulons atteindre l’objectif européen de fin de vente de voitures et de camionnettes neuves à motorisation thermique d’ici 2035”.

Sous conditions. Respire, qui milite contre la pollution de l’air, conditionne son soutien au maintien de l’éco-score, pour encourager l’achat des véhicules électriques les “moins polluants et les plus légers” et la réintégration des taxis et VTC dans le périmètre de la loi. Des amendements dans ce sens, inspirés par l’asso, ont d’ailleurs été déposés dans les rangs de la Nupes (ici, là ou encore là). 

La PPL croule sous les amendements, comme nous vous l’annoncions jeudi passé. 325 amendements ont été déposés, dont 51 pour le seul Bruno Millienne (Modem) farouchement opposé au texte, qui veut supprimer chaque article, un à un. 

PPL Cendrillon. L’examen du texte doit débuter vers 21 heures 30, sous l’œil de Patrice Vergriete, ministre délégué aux Transports, qui soutient le texte. Ce qui fait un peu tard pour que le texte soit voté avant minuit. La PPL devrait donc être réinscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée en septembre, au plus tôt.

L’ATOME AU CONSEIL CONSTIT’. Maxime Laisney (LFI) et Gérard Leseul (PS) présentent aujourd’hui leur recours contre le projet de loi sur la sûreté nucléaire déposé le 17 avril devant le Conseil Constitutionnel, lors d’une audience à huis clos. Décision prévue “autour du 17 mai”.

Les neufs membres devront décider si le texte est conforme aux dispositions de la Charte de l’environnement. Ils statueront également sur la modification de la loi organique pour permettre la nomination du président d’Orano sur avis du Parlement.

DAC OU PAS D’AC. La startup Jimmy Energies a déposé hier une demande d’autorisation de création auprès du ministère de la Transition écologique, première étape administrative pour son projet de mini-réacteur nucléaire générant de la chaleur à des fins industrielles (nous vous en parlions ici). La demande sera ensuite étudiée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Débat à venir. “En parallèle du processus d’examen très exigeant mené par les autorités, Jimmy se tiendra à la disposition de toutes les parties prenantes”, indique le PDG et co-fondateur de l’entreprise Antoine Guyot. Il faut dire que l’installation du microréacteur à l’horizon 2026 suscite déjà les craintes d’associations et des élus écologistes locaux. 

PPL EN TERRES ARGILEUSES. La commission des finances du Sénat désigne ce matin un rapporteur pour la proposition de loi sur l’indemnisation des dégâts causés par le retrait-gonflement de l’argile. Et ça devrait être Christine Lavarde (LR), a appris votre infolettre, et non d’un écologiste.

Rembobinons. A l’Assemblée, cette PPL portée par l’écologiste Sandrine Rousseau, et inscrite dans leur niche, avait rassemblé il y a un an un soutien transpartisan, avec seulement neuf voix contre, et l’abstention de la majorité présidentielle. Mais au Sénat, c’est une autre histoire.

Ça se dégonfle. Christine Lavarde compte proposer le rejet de ce texte en commission des finances, la semaine du 21 mai. Entretemps, elle aura déposé sa propre proposition de loi sur l’indemnisation et la prévention des catastrophes naturelles (votre infolettre vous en parlait ici).

Conséquence : la proposition de loi serait examinée dans sa version originale en séance publique le 30 mai, jour de la niche écologiste. Avec peu de chances d’aboutir, en l’absence de soutien de la droite. Ni même d’être examinée, puisqu’elle a été placée dans l’ordre du jour après la proposition de loi sur les polluants éternels, qui risque d’engloutir les quatre heures de débat dévolues.

Explications de Christine Lavarde : “Ce texte est incomplet et déséquilibré. S’il est appliqué tel quel, le régime assurantiel s’effondre. [C’est] un rejet de la méthode, pas du constat.”

Côté écologistes, la sénatrice Ghislaine Senée, qui espérait porter ce texte, va chercher à convaincre. : “J’ai du mal à imaginer que les sénateurs, qui sont en lien avec les élus locaux, n’aient pas à cœur d’apporter une réponse aux millions de Français concernés. Oui, cela a un coût, mais c’est le dérèglement climatique qui veut cela.”

ENGIE EN AG. Aucune résolution climatique n’est au menu de l’assemblée générale d’ENGIE, mais, selon les informations de votre infolettre, les investisseurs de la coalition Climate Action 100+ devraient néanmoins poser des questions sur l’expansion gazière du groupe. 

“L’absence d’engagement clair à mettre fin à l’expansion gazière”, est mentionnée par un rapport réalisé par l’ONG Reclaim Finance, qui évoque la signature de contrats de long terme pour du GNL américain, au-delà de 2040. L’autre angle mort est le pari industriel de l’entreprise sur des filières qui n’ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle, comme l’hydrogène ou le biométhane.

Encouragements. Le rapport salue néanmoins “un développement ambitieux des énergies renouvelables” et une “volonté de d’amélioration” et de transparence. ENGIE refuse de commenter le rapport mais signale que la directrice générale du groupe évoquera sa politique climatique lors de l’AG.

— Le Monde s’est rendu en Camargue, à la rencontre des opposants à une ligne à très haute tension traversant la Camargue prévue par RTE pour électrifier notamment le site industriel de Fos-sur-Mer.

— La chaleur produite par l’incinération de déchets ne doit pas être considérée comme une source de chaleur verte, selon une trentaine d’ONG, racontent mes collègues bruxellois Marianne Gros et Victor Jack.

— EDF a soumis une offre en vue de construire un à quatre EPR en République Tchèque. Les Echos en ont eu vent.

Un grand merci à notre éditeur Alexandre Léchenet.




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