Par ARTHUR NAZARET
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— Energie et climat : notre classement des 31 personnalités à suivre
— La commission du débat public, un goût Le Maire dans la bouche
— Ce que dit en creux la composition des comités régionaux de l’énergie (CRE)
Bonjour à toutes et à tous, et rassurez-vous, tout va bien. Le pilote de cette infolettre garde le contrôle de l’avion même si, tout en vous parlant le plus sérieusment du monde de comités régionaux de l’énergie, de pétrole et de finance, mes turbulents collègues passent en contre-bande des références à des chansons enfantines ou aux Pink Floyd.
Rallumez vos tablettes et accrochez-vous pour une descente dans notre classement des personnalités à suivre et qui, comme vous, s’intéressent de près à l’énergie et au climat.
ENERGIE & CLIMAT MATIN SUR SON 31. Vous attendez impatiemment une programmation pluriannuelle de l’énergie ? Votre infolettre, qui a tout juste deux semaines et encore un peu de lait au coin de la bouche, vous offre une autre PPE : son Panorama des personnalités énergétiques. Après avoir sondé les sols et les coeurs, vérifié turbans et turbines, vos serviteurs vont au charbon, prêts à se fâcher en proposant leur classement des 31 personnes qui comptent sur l’énergie et le climat.
Et le numéro un est… A la tête de TotalEnergies, Patrick Pouyanné entend avancer à son rythme. Il vante les investissements records de son entreprise dans les énergies renouvelables et n’arrête pas pour autant les projets de forage. Par son action ou celles qu’il inspire, Patrick Pouyanné est a coup sûr un des plus influents.
Dans la suite du podium, un homme et une femme politique. Le premier, Bruno Le Maire, a rajouté une casquette Energie sur sa tête à la suite du remaniement, pour incarner encore mieux la réindustrialisation verte qu’il souhaite pour la France. La deuxième, Ursula von der Leyen, remet son poste en jeu et espère, après avoir réussi à faire accepter son Pacte vert en Europe, pouvoir superviser sa mise en œuvre.
31 noms en tout, avec quelques parlementaires, d’autres PDG, un ingénieur médiatique, une activiste…. Félicitations à eux. Critiques et commentaires sont bien sûrs acceptés, et seront pris en compte pour le prochain classement.
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Dès 9 heures 30, ouverture du FOWT, événement dédié aux éoliennes offshore flottantes, au Palais du Pharo à Marseille.
A 8 heures 30, présentation du plan d’action sur la simplification par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques et Olivia Grégoire, ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie.
A 10 heures, présentation du projet de loi Simplification en conseil des ministres.
A partir de 9 heures, poursuite du festival Building Beyond avec une intervention de Diane Simiu, directrice du climat, de l’efficacité énergétique et de l’air.
A 20 heures 30, dîner sur le financement de la transition écologique entre Christophe Béchu et les économistes Selma Mahfouz, Katheline Schubert, Louis-Gaëtan Giraudet, Christian De Perthuis, Christian Gollier, Benoît Leguet, Philippe Aghion et Fanny Henriet.
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DEBIT RÉDUIT POUR LE DEBAT. Depuis la déclaration de politique générale de Gabriel Attal, la Commission nationale du débat public (CNDP) est dans le viseur du gouvernement. La présentation aujourd’hui du projet de loi Simplification par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire sera l’occasion de lui couper les ailes, d’après les infos de mon collègue Paul de Villepin.
L’industrie, c’est fini. La mesure n’est pas dans le texte, mais sera annoncée pour l’occasion. “Cela passera par la voie réglementaire”, confirme le député (Renaissance) Louis Margueritte à votre infolettre, qui est pressenti pour être rapporteur du texte. L’objectif est de retirer les projets industriels du champ d’intervention de la CNDP. Le sujet a été tranché lors d’une réunion interministérielle vendredi.
Rabotage total. Un des cadres de la CNDP se lamente sous condition d’anonymat : “C’est un rabotage total du champ d’intervention de la CNDP. Finis les débats sur les gigafactories de batterie, les carburants type hydrogène, les mines, les entrepôts de logistique”, ajoutant que les grands projets relatifs à l’énergie — raison d’être de la commission — sont aussi des projets industriels et seront également privés de débat.
AH LES CRE, CRE, CRE. Toutes les régions, sauf une, ont mis en place leur comité régional de l’énergie (CRE), comme vous le racontait votre infolettre hier, au détour d’un article sur Laurent Wauquiez. Ces instances, créées par la loi d’accélération des énergies renouvelables, sont un espace de concertation sur le mix énergétique, et doivent veiller à l’adéquation des promesses locales avec les objectifs régionaux.
La composition des CRE, suggérée par décret, se fait d’un commun accord entre le président du conseil régional et la préfète. Outre des élus locaux, on y trouve des acteurs économiques ou des personnalités de la société civile. L’occasion pour les lobbys d’y être représentés. Votre infolettre a compilé puis épluché la composition de toutes les CRE, pour dresser un petit classement des acteurs bien implantés localement.
Le grand mix. En tête du classement, le Syndicat des énergies renouvelables qui est présent dans chaque CRE, et a même deux sièges dans le Grand-Est et en Nouvelle-Aquitaine. GRDF, RTE, Enedis, EDF et GRTgaz sont sans surprise bien représentées par leurs dirigeants locaux.
“Le fait régional est majeur pour la chaleur”, explique Pierre de Montlivaut, patron de la Fedene, qui fédère les acteurs de la chaleur renouvelable, et s’est mobilisé pour être présent dans cinq CRE. Les réseaux de chaleur sont des systèmes décentralisés, ajoute-t-il, donc c’est “sur le terrain que ça se passe”.
Du côté des ONG, c’est la fédération France Nature Environnement (FNE) qui est présente dans toutes les CRE, suivie par l’UFC-Que Choisir. Les acteurs de l’énergie locale ou citoyenne, comme Energie partagée, sont également bien représentés, et quelques sièges ont été accordés aux amis de la Terre. Les ONG nationales, peu organisées au niveau locale, nous ont expliqué avoir laissé la place à la FNE sur ce coup.
Des associations anti-éoliennes ont fait leur trou dans les Hauts-de-France mais aussi en Centre-Val-de-Loire. Un siège a été proposé à Patrimoine-environnement au grand dam des écologistes de la majorité, par choix de la préfète, selon une personne qui a suivi la création du CRE tourangeau.
MONEY ! IT’S A GAS. En creusant dans les 180 milliards d’euros d’encours des fonds d’épargne salariale, l’ONG française Reclaim Finance a trouvé du pétrole. Parmi les 470 fonds analysés dans un rapport dévoilé ce matin, 84% investissent dans des entreprises qui portent des projets d’extraction ou d’acheminement de pétrole et de gaz.
“Ce fort pourcentage souligne l’absence globale de politiques visant à ne plus investir dans l’expansion pétro-gazière”, dénonce l’ONG. Surtout que 70% des fonds “durables”, “verts” ou “responsables” sont exposés à des projets de développement des énergies fossiles, selon le même rapport.
Bonnets d’âne. Tous fonds confondus, ce taux monte respectivement à 94% et 78% pour les deux plus gros gestionnaires d’actifs, Amundi (Crédit agricole) et Natixis Investment Managers (BPCE), qui se partagent les deux tiers du marché.
Or noir. TotalEnergies est ainsi un placement prisé : sept fonds sur dix ont misé sur l’entreprise alors qu’elle est la sixième au monde à développer le plus de projets pétro-gaziers, dans leur portefeuille. Engie, qui a signé des contrats d’importation de gaz de schiste américain jusqu’en 2042, est également présent dans 30% des fonds.
Un gisement à détourner, estime Reclaim Finance, qui calcule que ces 180 milliards d’euros d’épargne salariale permettraient de combler les besoins d’investissements nécessaires à la décarbonation du pays jusqu’en 2028.
QU’ON ME DONNE L’ENVIE. Pour éviter de fâcher durablement les citoyens européens avec la transition écologique du continent, il faut leur donner envie d’y participer. C’est, en substance, l’argument défendu par le chercheur en science politique Théodore Tallent dans une note publiée par la Fondation Jean-Jaurès.
“Backlash surestimé”. Le retour de bâton, ou “backlash”, écologique qui a culminé en France avec les manifestations des agriculteurs, est “en réalité largement surestimé”, écrit-il dans les colonnes du think-tank socio-démocrate. “Bien souvent, l’erreur fondamentale de nombreux décideurs politiques est de comprendre l’opposition à certaines politiques climatiques comme une opposition générale à la politique climatique”.
Les 12 travaux. Théodore Tallent émet douze propositions pour impliquer le quidam et “reconstruire un discours écologique”. Pêle-mêle : mettre en avant les bénéfices économiques et sociaux de la transition écologique, traduire le changement climatique en problématiques locales et apporter des solutions adaptées aux contextes locaux, et amener chacun à “contribuer à la hauteur de sa responsabilité et ses capacités” pour aller vers une “transition juste”.
— Face à la dépendance française au gaz russe, le chercheur Phuc-Vinh Nguyen demande dans une tribune publiée par Les Echos de joindre la parole aux actes.
— Géant des hydrocarbures, la Norvège veut devenir le partenaire vert d’une Europe qui cherche à s’éloigner de la Chine. Mes collègues bruxellois Antonia Zimmermann, Louise Guyot et Varg Folkman se sont entretenus avec le ministre norvégien de l’énergie.
— Des athlètes “climatosportifs”, que Reporterre a rencontré, lancent une “charte pour un sportif responsable” et porteront des manches aux bandes de couleur rappelant le réchauffement climatique.
Un grand merci à notre éditeur Alexandre Léchenet.
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